LES TROIS COLONIES

La guerre de 7 ans

 


La guerre de Sept ans : "French and Indian war" (1756-1763)

La France conservait une position favorable en Amérique du Nord. Mais l'immigration française, trop limitée, ne permet pas à la France d'assurer un contrôle réel et une défense efficace de son empire colonial.

Entre 1689 et 1763, quatre guerres, qui sont autant de prolongements des conflits européens, opposent les colons rivaux, Anglais et Français.

- A l'issue du premier conflit, baptisé guerre de la Ligue d'Augsbourg (1689-1697), les positions en présence restent presque inchangées. Cependant, il apparaît vite que les Français sont en position d'infériorité numérique flagrante.

- La guerre de Succession d'Espagne (1701-1713) confirme cet état de fait. Par le traité d'Utrecht, signé le 11 avril 1713 entre la France et l'Angleterre, la France cède à l'Angleterre l'Acadie, la baie d'Hudson et Terre-Neuve, ainsi que l'île Saint-Christophe aux Antilles, elle conserve l'île Royale (Cap-Breton) et l'île Saint-Jean (île-du-Prince-édouard). Le Canada français est sérieusement amputé. Quant à la Louisiane, elle est en sursis, pour peu de temps.

- À l'issue des guerres de Succession d'Autriche (1743-1748) et de Sept Ans (1754-1763), Louis XV devra céder à l'Angleterre, outre les dernières possessions du Canada français, toute la Louisiane orientale.

En 1748, en tentant de s'installer dans la vallée de l'Ohio, les Anglais déclenchent les hostilités. Le traité d'Aix-la-Chapelle, signé en 1748, rend Louisbourg à la France.

En 1750, les deux grands rivaux se font face dans la région du Lac Champlain à Fort Carillon, situé entre le lac Champlain et le Lac George (Lac du Saint-Sacrement pour les français), avant poste le plus au sud de la Nouvelle-France. La plus proche position britannique était Fort Edward sur les rives de l'Hudson River.

En 1754, la France possédait un vaste empire en forme de croissant qui s'étendait de la région du Canada et des Grands Lacs jusqu'au rives du Mississippi: de Québec à La Nouvelle-Orléans, régions dans lesquelles elle avait pactisé avec certaines tribus indiennes.
Un chapelet de fortins et de postes réunissaient le Canada aux possessions du sud enclavant les treize colonies anglaises de la côte atlantique.
Les anglais se trouvaient donc isolés à l'Est des Appalaches et les colons américains empêchés de toute progression vers l'ouest.
La partie nord américaine du conflit opposa l'Angleterre et ses colonies d'Amérique aux Français et à leurs alliés Indiens.

Premières escarmouches

• La "guerre contre les Français et les Indiens" commence le 28 mai 1754, par les premières escarmouches à "Fort Duquesne de la Sainte Vierge" (emplacement actuel de Pittsburg) et à "Fort Necessity" entre les soldats français et les milices de Virginie commandées par un jeune planteur de 22 ans nommé George Washington,
• du 19 juin au 10 juillet 1754 se tient le Congrès d'Albany (ville de l'Etat de New-York), entre les représentants des colons anglais et les chefs iroquois, en vue d'aboutir à un accord. Les délégués déclarèrent que l'union des colonies américaines était "indispensable à leur sauvegarde", ils adoptèrent le "Albany Plan of Union" rédigé par Benjamin Franklin, prévoyant qu'un président, désigné par le roi, gouvernerait avec les délégués de chaque colonie. L'aspect financier de ce plan fut refusé.

• En 1755, de nombreuses escarmouches se déroulent le long de la vallée de l'Ohio, territoire revendiqué par la France. Les anglais échouent dans leur tentative de prise du "Fort Niagara"
D'une série d'incidents entre les deux factions rivales, découlera une véritable guerre maritime entre les bâtiments français et anglais, les uns venant renforcer ou ravitailler leurs colons, les autres les en empêchant en leur faisant la chasse et en instaurant le blocus.
• au cours de l'été 1755, les Acadiens de la Nouvelle-Ecosse, qui refusent de prêter serment d'allégeance au roi d'Angleterre, sont déportés.

La guerre totale

La guerre de sept ans se déroula à la fois en Europe et dans les colonies d'Amérique du Nord et des Indes entre 1756 et 1763.

1756

• en janvier 1756, le major George Washington attaque le Fort Duquesne
• en mars 1756, Louis-Joseph, marquis de Montcalm commande les troupes françaises de Nouvelle-France.
• le 18 mai 1756, l'Angleterre déclare la guerre à la France.

Les Anglais envoient cinquante mille soldats soutenir les colons ainsi que leurs alliés de la Ligue des Iroquois qui regroupait cinq tribus depuis 1570. Les français mobilisent leurs alliés indiens de l'Ouest.

Après avoir capturé en Manche et dans l'Atlantique plus de trois cent vaisseaux marchands, les Anglais font prisonniers plus de six mille marins français.

• Lors des premiers combats, Montcalm prend le Fort d'Oswego, sur la rive sud du lac Ontario.

• le 8 juin 1756, les anglais mettent Louisbourg en état de siège. Idéalement placée sur l'Isle Royale (Cap-Breton), la forteresse est le symbole de la puissance française en Amérique, en défendant l'entrée du fleuve Saint-Laurent, elle menace le commerce et la sécurité des colonies anglaises. Louisbourg est un important centre de pêche et une garnison militaire française avec 2.400 hommes et une dizaine de navires de guerre.

• en juillet et en août 1756, les anglais ordonnent la déportation des acadiens de la Nouvelle-Ecosse.

1757

• Le marquis de Montcalm commandant les troupes françaises à Fort Carillon décida de faire route contre le Fort William-Henry. Le 9 août 1757, Montcalm, avec son armée forte de 7.000 hommes composée de Français, de militiens Canadiens, et d'autochtones de nombreuses tribus, prend le Fort William-Henry, situé à la pointe sud du lac Champlain. Les Indiens pensant qu'une entente avait été faite à leur insue entre Français et Anglais se révoltèrent. A l'issue de combats violents menés surtout par les indiens aidés de boissons alcoolisées, il y eut - selon les sources - de 70 à 1500 (hommes, femmes et enfants), tués, scalpés, décapités ou achevés. Après ce massacre les sodats Français raccompagnèrent les survivants Anglais à Fort Edward et revinrent bruler le sol de Fort William-Henry.

1757 était décidement une mauvaise année pour les Anglais en Amérique du Nord. Pas seulement à cause de leur défaîte au nord de New York, mais aussi dans la vallée de l'Ohio et en Nouvelle Ecosse.
William Pitt nomme le général James Wolfe commandant des troupes anglaises du Nouveau-Monde.

 

1758

Les Anglais envoient trente neuf vaisseaux et vingt sept mille soldats pour soutenir les colons ainsi que leurs alliés de la Ligue des Iroquois, par le Saint Laurent, par le lac Champlain et par l'Ohio. Les colonies françaises sont isolées de leur métropole par la flotte anglaise. Les français mobilisent leurs alliés indiens de l'Ouest, les Osages et les Algonquins. Après avoir écrasé la seconde colonne à Fort Carillon, il faut abandonner aux anglais le Fort Frontenac, le Fort Duquesne, et Louisbourg.
• le 1er juin 1758, les anglais sont devant la forteresse de Louisbourg:

• le 08 juin 1758, les anglais débarquent à l'anse de Cormorandière sur l'Isle-Royale, sous le commandement du jeune brigadier James Wolfe. Le siège va durer sept semaines.
• en juillet 1758, avec une armée de seulement 3.600 hommes, Montcalm défait le général de division britannique James Abercromby et ses 15.000 hommes au Fort Carillon. La bataille du Fort Carillon est le premier combat mené par des troupes régulières en Amérique du Nord.
• le 26 juillet 1758, Drucour, gouverneur de la forteresse propose les conditions d'une capitulation. En trois ans de combats c'est la première victoire importante des Anglais. Elle sera déterminante car elle ouvre la voie du Saint-Laurent en direction de Québec.
• le 24 novembre 1758 pour ne pas se rendre aux troupes du général Forbes, dix fois supérieures en nombre, le capitaine François-Marie Marchand, sieur de Ligneris, mit le feu au Fort Duquesne. Le lendemain, le Fort était rebaptisé Fort Pitt, du nom du premier ministre Anglais.

1759

• le 20 juin 1759, la flotte de James Wolfe arrive à l'Isle-d'Orléans, en dessous de Québec qui est aussitôt bombardé. Mais la forteresse est bien défendue. Les anglais renoncent à débarquer.
• le 28 juin 1759, Montcalm lance une attaque surprise en pleine nuit: des barques et des radeaux chargés de poudre à canon sont enchaînés les uns aux autres et lancés dans le courant en direction de la flotte anglaise. Mais, une des charges explose trop tôt, et les hommes, croyant au signal attendu, mettent le feu à leurs canots, supprimant ainsi l'effet de surprise. Les embarcations ratent leur cible
• le 12 juillet 1759, au soir, une fusée donne le signal de l'assaut. Des boulets abattent les murs, des boules incendiaires mettent le feu aux maisons. un témoin raconte: "Dans cet affreux incendie, nous n'avions pour nous y opposer que les gémissements et les larmes que nous répandions au pied des autels dans des moments que nos pauvres blessés nous donnaient."
• le 31 juillet 1759, 4.000 soldats anglais débarquent près des chutes Montmorency, ils gravissent la colline mais sont vivement repoussés. Wolfe humilié décide de brûler les maisons, les granges, les récoltes et les provisions sur cent milles le long du Saint-Laurent.
• le 10 août 1759, un obus anglais pénètre dans une cave et met le feu aux tonneaux de cognac. Les églises, N-D.-des-Victoires des frères du Récollet ainsi que l'église et le couvent des Jésuites sont entièrement détruits.
Malgré un feu nourri (20.000 bombes) et une menace de famine, le bombardement de Québec dura neuf semaines.

La mort de Montcalm
• Dans la nuit du 12 au 13 septembre 1759, 4 à 5.000 anglais donnent l'assault en amont de l'Anse-au-Foulon qui se révèle être sans issue.
Le 13 septembre 1759, 4.000 soldats anglais sont rassemblés sur les Plaines d'Abraham (nom du propriétaire d'une ferme abandonnée), près de Québec, soutenus par le 78e régiment des Highlanders. Pendant que Montcalm mobilise ses troupes vers les Plaines d'Abraham, quelques centaines de miliciens Canadiens et de francs-tireurs Indiens, cachés dans les bois et les champs de maïs, tirent sur les troupes anglaises. Puis les troupes de Montcalm attaquent. Les anglais ripostent par des salves massives et avancent à la baïonnette. Des Français s'effondrent ou battent en retraite.
La bataille des Plaines d'Abraham a duré moins de vingt minutes.

James Wolfe et Louis-Joseph marquis de Montcalm seront mortellement blessés au cours de ce combat, ainsi que 1.300 de leurs hommes.
Les Français tentent de regrouper leurs forces mais la ville de Québec, lassée des bombardements, finit par se rendre aux Anglais
• le 18 septembre 1759, les anglais ont pris la ville, le drapeau britannique est hissé rue de la Montagne à Québec, à la grande indignation du chevalier Gaston-François de Lévis: "Il est inouï que l'on rende une place sans qu'elle soit attaquée ni investie". La ville est dévastée, il ne reste que des ruines, les récoltes ont été pillées, la famine est imminente.

 

1760

• le 29 avril 1760, les troupes britanniques et françaises s'affrontent de nouveau sur les plaines d'Abraham lors de la bataille de Sainte-Foy, le combat est féroce, souvent au corps-à-corps, les Britanniques sont défaits et doivent se replier sur Québec. Le drapeau français flotte sur les plaines d'Abraham. Même si Québec appartient aux Britanniques, les Français ont espoir de reprendre la capitale de la Nouvelle-France.
Lévis est contraint de battre en retraite à Montréal car des renforts britanniques arrivent pour secourir les assiègés. Le gouverneur Vaudreuil capitule en demandant l'assurance pour les habitants de pouvoir continuer à pratiquer leur religion catholique.
• le 08 septembre 1760, Montréal tombe à son tour, Vaudreuil signe une capitulation qui garantit l'intégrité physique et les droits des habitants (à son retour en France, cette capitulation sans gloire lui vaudra d'être enfermé à la Bastille).
Les britanniques conquièrent fort Détroit.

Vers la paix

1761

En Europe, les pourparlers de paix entre l'Angleterre et la France débutent au printemps 1761.

1762

• le 03 novembre 1762, préliminaires de paix signés à Fontainebleau.
La Ligue des Iroquois qui faisait le commerce de fourrures avec les Anglais, se rangea à ses côtés dans la lutte qu'ils menèrent conte les Français, pour la domination de l'Amérique entre 1754 et 1763. Les Anglais n'auraient sans doute pas gagner cette guerre sans le soutien des Iroquois.
L'Angleterre triompha de la France après sept ans d'affrontements dont une petite partie seulement se déroula sur le sol américain.

1763

Le traité de Paris, est signé le 10 février 1763, entre la Grande-Bretagne, la France et l'Espagne, pour mettre fin à la guerre de sept ans. L'Angleterre reçut de la France le Canada, les territoires à l'est du Mississippi, plusieurs Antilles, le Sénégal et les possessions de l'Inde; de l'Espagne, elle reçut la Floride (la France devant céder la Louisiane à l'Espagne qui reçut aussi Cuba et les Philippines). La France recouvrait Belle-Ile, la Martinique, la Guadeloupe et des comptoirs en Afrique et en Inde. Les Français négocient la liberté de la pêche et de la sécherie sur une partie des côtes de Terre-Neuve, dans le Golfe du Saint-Laurent. La France reçoit en outre les Isles de Saint-Pierre et Miquelon, pour servir d'abri aux pêcheurs français.
Ce traité écarte définitivement la menace française, et porte en même temps un coup fatal à la résistance indienne qui désormais n'aura plus d'alliés pour affronter les colons britanniques.

La révolte de Pontiac

"Nous ne sommes pas vos esclaves. Ces lacs, ces forêts et ces montagnes sont notre héritage et nous n'y renoncerons pas au profit de qui que ce soit." Pontiac

Seule maintenant, l'armée britannique pouvait maintenir l'ordre dans la région. Une mission pour occuper les forts français envoyée par le Général Amherst rencontra l'opposition des Indiens. Soutenu par d'autres chefs de tribus,Pontiac le chef de guerre des Ottawa se rebelle. Très intelligent, il comprit que les Anglais seraient plus dangereux pour les Indiens que ne l'avaient été les Français qui, du fait de leur implantation peu nombreuse, ne convoitaient que peu de terres.
• le 05 mai 1763, il appelle les nations amérindiennes Ouataouais, Hurons et Potéouatamis à la guerre contre les anglais, en assiégeant les forts de l'intérieur désormais occupés par les anglais. Les guerriers autochtones vont semer la terreur pendant cinq semaines avant de s'attaquer à "Fort Détroit" où ils échoueront.
Les Français, à la demande d'Amherst, informèrent les Indiens qu'une paix était signée entre eux et les Anglais, et qu'ils ne pouvaient donc plus les soutenir.

Pontiac fit la paix, mais elle ne fut acceptée par les tribus qu'après de longues luttes. La pacification de l'Ouest n'était pas encore faite. Du début de la colonisation à la fin de la guerre de Sept Ans (1763), les Anglais ont réussi à éliminer peu à peu des territoires américains les Suédois, les Hollandais et finalement les Français.
Le 20 avril 1769, Pontiac se rend à Cahokia pour faire du troc. Un jeune guerrier peoria appelé Pihi ou Chien Noir l'accompagne. Lorsqu'ils quittent le poste de traite, Pihi assomme Pontiac. Le grand chef tombe et Pihi le poignarde.
L'assassinat de Pontiac met un terme à la vie d'un farouche guerrier et marque le début d'une légende. Bien que sa rébellion se soit avérée un échec, l'exemple de Pontiac inspirera bon nombre de ses successeurs dans leur résistance à la domination des Européens.




05/04/2011
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