LES TROIS COLONIES

La traite des fourrures

 

Le début de la traite des fourrures



La traite des fourrures existe depuis que les humains portent des vêtements. On chassait les animaux pour leur chair et pour leur fourrure que l'on portait en guise de protection.

Ce sont probablement les nomades d'Asie centrale qui, les premiers, ont utilisé le poil des fourrures pour en faire du feutre. Ils se servaient des poils de chèvre, de mouton, de chameau et d'autres animaux pour fabriquer leurs tentes. Ils trouvaient que le feutre, en plus d'être facile à fabriquer, était plus durable. La fourrure de castor était une des meilleures pour la fabrication du feutre. Elle est devenue très précieuse.

 

Plus tard, d'autres peuples tels les Chinois, les Grecs et les Romains ont utilisé le feutre comme rembourrage sous leurs lourdes armures ou pour parer les flèches. L'art de fabriquer le feutre s'est perdu en Europe occidentale à la suite de la chute de l'Empire romain. Deux facteurs ont favorisé son retour, d'abord les croisés qui, à Constantinople, ont vu les beaux chapeaux et vêtements que ses habitants portaient et qui ont appris comment les fabriquer, ensuite, les grandes invasions à l'intérieur de la Russie ont poussé plusieurs fabricants de feutre vers l'ouest, en Europe.

Vers 1600, le besoin de fourrures de castor a augmenté de façon phénoménale. Le castor européen disparaissait à cause de la surchasse, et la nouvelle mode, dont celle des chapeaux, nécessitait beaucoup de peaux de castor. C'est pourquoi la découverte du castor nord-américain n'était rien de moins qu'un miracle pour les chapeliers !

 

Bien avant que les Européens ne découvrent l'Amérique du Nord, les peuples autochtones faisaient du troc de tout, depuis les outils de cuivre jusqu'à la poterie. Mais le commerce a vraiment connu un essor lorsque les Européens sont entrés en contact avec eux !

En 1492, Christophe Colomb est arrivé en Amérique du Nord, à la recherche d'une route vers la Chine. À l'instar d'autres explorateurs, il croyait qu'il devait exister une route vers la Chine en voguant vers l'ouest, au lieu de contourner l'Afrique. Comme ces explorateurs ne connaissaient pas l'immensité de l'Amérique du Nord, ils continuèrent à chercher cette route à travers le continent. Le nord est une des directions qu'ils ont explorée

En 1534, Jacques Cartier quitta la France et, déployant les voiles, part lui aussi à la recherche du passage du Nord-Ouest. Cartier accosta plutôt sur les côtes rocailleuses du Labrador. Il trouva cette terre rude et peu attirante.

Il continua son voyage et s'arrêta à la péninsule gaspésienne dans le golfe du Saint-Laurent. C'est là qu'il prit possession de ces terres pour la France et qu'il rencontra des gens des Premières nations. Ils échangèrent des couteaux pour des fourrures.

 

Entre-temps, les explorateurs continuaient à rechercher le passage du Nord-Ouest. En 1576, Martin Frobisher prit la mer pour le premier de ses trois voyages. John Davis continua à chercher et Henry Hudson découvrit la baie qui fut nommée en son honneur.

Ces hommes ainsi que d'autres commencèrent à cartographier la terre et les cours d'eau, ce qui devait prendre de l'importance pour la traite des fourrures ainsi que pour l'exploration et la colonisation du Canada.

 

Samuel de Champlain a été un des premiers à prendre conscience du potentiel commercial de l'Amérique du Nord. Il fit son premier voyage en Amérique du Nord en 1603. Il y revint plusieurs années plus tard pour y établir une colonie permanente. Il voulut amener beaucoup plus de personnes pour s'établir au Canada. Le roi de la France accorda la permission à Champlain mais en retour exigea de lui qu'il développe la traite des fourrures.

 

Il ne tarda pas aux Anglais de voir combien d'argent ils pourraient tirer de la traite des fourrures. La compétition entre l'Angleterre et la France devint féroce. Les deux pays voulaient contrôler le pays et ses ressources. Il ne fallut que peu de temps avant que les Anglais et les Français envoient des bateaux remplis de peaux de castors en Europe.

 

La compétition dans la traite des fourrures contribua à déclencher des batailles entre les tribus des Premières nations. Les Iroquois tendaient des embuscades aux Hurons qui apportaient les fourrures à Québec, ce qui eût pour résultat de mettre un terme presque complet à la traite des fourrures.

 

Deux coureurs des bois français firent revivre la traite des fourrures : Médard Chouart des Groseilliers et Pierre Radisson. Les deux partenaires pénétrèrent profondément à l'intérieur des terres pour trouver des fourrures. Ils rencontrèrent des membres de la nation Sioux, lesquels leur parlèrent du très grand nombre de castors au nord, près de la Baie d'Hudson. Lorsqu'ils revinrent à la colonie, ils avaient presque 100 canots débordants de fourrures. Cependant, ils ne reçurent pas l'accueil chaleureux auquel ils s'attendaient.

Des Groseilliers et Radisson n'avaient pas obtenu leur permis de traite avant de s'embarquer dans leur équipée. Leurs fourrures furent confisquées, Des Groseilliers fut jeté en prison et les deux reçurent des amendes pour avoir enfreint la loi. Très contrariés, ils décidèrent de travailler pour les Anglais plutôt que pour les Français.

Les Anglais avaient entendu parler des deux braves explorateurs. En 1665, ils les invitèrent à rencontrer le roi Charles II en Angleterre, lequel accepta de soutenir leur recherche de fourrures. Après trois années de préparation, ils furent prêts à partir à nouveau. Le bateau de Des Groseilliers, le Nonsuch, appareilla et Radisson fit de même dans le Eaglet. Mais de furieuses tempêtes forcèrent Radisson à revenir en Angleterre.

 

Le Nonsuch accosta sur les côtes de la Baie James en 1668. L'équipage dût construire un fort pour entreposer les fourrures, se protéger de l'hiver et de leurs ennemis. Au printemps de 1669, ils retournèrent en Angleterre avec les fourrures qu'ils avaient obtenues.

 

Le commerce a été très profitable entre 1714 et la fin des années 1740. Et puisque Compagnie de la Baie d'Hudson était la seule compagnie ayant droit de faire la traite des fourrures, elle n'avait aucune compétition. Les officiers de la Baie d'Hudson se satisfaisaient de laisser les autochtones livrer les fourrures aux postes de traite. Il n'y avait aucune raison de chercher de nouvelles sources de fourrure.

 

La traite des fourrures commença à ralentir vers les années 1750 et pour deux raisons, la première est la Guerre de Sept Ans entre la France et l'Angleterre. L'Angleterre gagna cette guerre et prit le contrôle de la Nouvelle France en 1763.

 

Cette entente aurait dû signaler le début du bon temps pour CBH. Au contraire, elle affrontait une nouvelle concurrence de la part des négociants de fourrure de Montréal. En 1783, un certain nombre de marchands formèrent la Compagnie du Nord-Ouest. La compétition entre les deux compagnies était féroce. Les deux compagnies poussèrent l'exploration plus loin vers l'ouest pour trouver de nouvelles sources de fourrure. En 1793, Alexander Mackenzie fut le premier Européen à atteindre l'océan Pacifique en traversant les montagnes Rocheuses.

 

En 1821, la Compagnie du Nord-Ouest, admettant la défaite, joignit les rangs de CBH. CBH devint ainsi l'organisation la plus puissante en Amérique du Nord. Elle contrôlait la plupart des terres du Canada moderne, de l'Atlantique au Pacifique. CBH n'était pas seulement responsable des terres, elle adoptait et voyait à l'application de plusieurs lois. Il en fût ainsi jusqu'en 1870, alors que CBH accepta de laisser aller son contrôle par l'Acte de capitulation.

 

La traite des fourrures commençait aussi à changer. CBH commença à faire le commerce des fourrures d'autres pays en 1821. Plus important encore, de nouvelles façons de traiter les autres fourrures pour les rendre meilleures pour la fabrication de feutre diminuèrent le besoin de la fourrure de castor. Puis un animal appelé nutria (ou ragondin ) fut découvert en Amérique du Sud. Sa fourrure était tout aussi bonne que celle du castor et beaucoup moins chère. Et pour empirer la situation, toutes les personnes qui suivaient la mode avaient commencé à porter des chapeaux de soie, tel le haut-de-forme. On peut voir George Simpson en porter un dans l'image ci-haut.

 

Vers 1840, la traite des fourrures diminuait. Celle de la fourrure de bison devint importante pour quelque temps alors que la demande pour les fourrures de luxe, telles le vison et le phoque, s'est maintenue. Malgré cela, vers les années 1879, la traite des fourrures n'était plus une industrie importante

 

On a constitué le Dominion du Canada en 1867 et un nouveau pays est né. Comme le gouvernement du Canada ne voulait pas que les Américains réclament les terres de l'ouest, il a dépêché Georges-Étienne Cartier en Angleterre pour demander les droits sur la terre de Rupert. CBH a rendu ses droits en échange de quelques terres et de l'argent. En 1870, la reine a donné cette terre au Canada pour fins de colonisation future

 

L'Acte de capitulation de 1869 marque les débuts de CBH en tant que compagnie moderne. Il n'y avait plus que la traite des fourrures qui l'occupait, d'autres travaux exigeaient son attention. Entre autres, elle devait maintenant vendre ses terres à des fermiers, des colons et des promoteurs immobiliers. Elle devait aussi fournir le matériel nécessaire pour bâtir de nouvelles colonies. Le défi qui attendait CBH était de transformer ses postes de traite en magasins de détail. Le premier magasin moderne de CBH ouvrit ses portes à Winnipeg, Manitoba en 1881.






28/04/2011
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